Et à présent, allons vers les Présidentielles…

Publié le par jdor

 

Sur l’abstention

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/685427_l-abstention-aux-elections-cantonales.jpg                                                                                                     Ce que la majorité des commentateurs du scrutin d’hier ont retenu, c’est le taux record d’abstention. Certes, il est très important et, bien entendu, plus qu’inquiétant pour tous les candidats à des postes électifs. Cependant, pour l’observateur sans importance que je suis, il y a une expression qui me fait sortir de mes gonds. Que ce soit de la part des politiciens inquiets pour leurs rentes ou pour les journalistes qui répètent les phrases de ces derniers, un peu comme le ferait un perroquet, ce que l'on a entendu et qu’on entendra encore longtemps, c’est : « Il y a eu absence de sursaut républicain ! » Diantre, voilà une accusation grave qui devrait nous mettre très mal à l’aise.

Il y a une question ou une option que tout ce « beau » monde oublie allègrement, c’est que cette abstention peut également représenter le fameux sursaut républicain, dans la mesure où il signifie que les électeurs sont bien plus conscients des tares de nos dirigeants et qu’ils leur signent, ainsi, par l’abstention, leur congé définitif pour laisser ouverte une porte vers l’espérance !

Quel bilan doit être tiré ?

C’est assez simple : Une grosse claque à l’UMP (anciennement RPR) au pouvoir depuis près de dix ans ; un parti socialiste vainqueur mais sans gloire ; un FN qui progresse mais n’a que deux sièges, ce qui est très peu pour un parti qui affirme être rassembleur et porté par une vaste adhésion. Faut-il en tirer, dès maintenant, des conséquences pour les prochaines présidentielles ? Pour ma part, je reste prudent. Avec l’art de la manipulation qui est l’une des armes des politiciens, notamment de Nicolas Sarkozy, il serait dangereux de crier, d’ores et déjà, victoire pour les gens de gauche. Il n’y aurait rien de plus démobilisant que les cocoricos utiles surtout pour endormir les ardeurs des opposants à l’UMP.

Un cas vraiment intéressant, celui de l’UMP…

Les dirigeants de ce parti ultraconservateur, Sarkozy en tête, ont presque tous rejetés le « front républicain » pour éviter que trop de membres du FN soient élus. Deux hypothèses à cette attitude qui, pour ma part, m’a choqué :

-          Soit, ce parti voulait préserver ses chances de voir son candidat à la prochaine présidentielle élu avec de nombreuses voix FN.

-          Soit ce parti partage de nombreuses thèses du Front National.

Je crains vraiment, pour une part des dirigeants de l’UMP, qu’ils partagent ces thèses avec Marine le Pen. Trop de choses le montrent : le « débat » sur l’identité française ; le prochain débat sur l’islamisme rebaptisé en hâte débat sur la laïcité ; la politique de chasse aux immigrés ; etc.

Et sa grossière erreur…

Je trouve extraordinaire l’aveuglement de l’UMP au travers de son obsession xénophobe et sa conviction que « Les » Français la partagent. Ils prennent leurs désirs pour des vérités et, par conséquent, ils s’enfoncent sans cesse. Ce parti, si l’on se donne la peine de regarder ce qui préoccupe en priorité les Français en mars 2011, est totalement dans l’erreur. Selon un sondage TNS Sofres pour La Croix/Covea Finance, publié le 7 mars dernier, la première préoccupation d’une majorité de Français est le chômage et l’emploi, suivi du financement des retraites, la santé et la qualité des soins, l’évolution du pouvoir d’achat. La sécurité n’arrive qu’en 10ème  position alors que l’immigration n’apparaît, quant à elle, qu’en 15ème et avant dernière position. Un autre sondage, donné dimanche soir sur FR3, pendant l’émission consacrée aux cantonales, allait exactement dans le même sens.

En partant de ce constat, il est évident que le Président et son parti font fausse route. Ce que les citoyens attendent, c’est avant toute autre chose, la justice sociale, du travail et des salaires dignes de ce nom. Ce que les citoyens attendent, c’est la fin des privilèges pour les plus riches, pour ceux qui ont déjà trop eu égard à ce qu’ils font réellement. Ce que les citoyens attendent, c’est d’être respectés en fonction de leur qualité de citoyens libres et égaux et non pas d’être jugés et méprisés en fonction du montant de leur compte en banque. La véritable et plus cruelle insécurité qui frappe un nombre de plus en plus important de Français, des jeunes aux retraités en passant par les chômeurs, c’est de perdre ou voir diminuer drastiquement son pouvoir d’achat pour au moins pouvoir se loger et se nourrir.

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Mais cela, les chefs, petits ou grands, de l’UMP, ne veulent pas en en tendre parler, bloqués qu’ils sont par l’admiration sans bornes de leur chef pour le monde des riches et son amour de l’argent. C’est une idéologie des plus courtes, mais c’est la leur ! Ô combien il est regrettable que tant de Français se soient égarés, en 2007, lorsque Sarkozy leur disait « travailler plus pour gagner plus » ! Ils n’ont vu que le « gagner plus », en oubliant que la droite, depuis toujours, privilégie les bénéfices des entreprises, donc, des actionnaires, au détriment des ouvriers et employés. Ils ont oublié que le chômage ne pourrait qu’augmenter avec ou sans crise, pour des raisons d’idéologie. La leçon, au bout de quatre ans est sévère. Et, malheureusement, cela aura conduit nombre d’électeurs de l’UMP dans les bras du Front National. Sans réfléchir plus qu’il y a quatre ans, ils quittent un piège pour plonger dans un autre, celui, entre autres, de l’exclusion des étrangers, voire des nationaux nés dans d’autres pays.

On ne peut jamais être certain de rien, surtout en politique et élections. Cependant, tout laisse penser que le temps de Sarkozy à la tête du pays est sur sa fin. Et ce n’est pas moi qui m’en plaindrais, tout au contraire. Mais si c’est pour se retrouver étouffé dans les bras de Marine le Pen, le peuple n’aura rien gagné… Le premier sursaut civique qui doit avoir lieu, ce n’est pas celui des électeurs, mais bien celui des élus et candidats aux élections !

Jean Dornac
Paris, le 28 mars 2010

 

 

Publié dans 2012

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