Sarko, sa bande et nos libertés

Publié le par jdor


Il semblerait qu’il y ait toujours beaucoup d’eau dans le gaz de l’Élysée ! On sent que les élections approchent et que, du côté du Palais, on n’est pas rassuré du tout quant au probable résultat.

Ainsi, ce nouveau sondage Harris Interactive sur la popularité de Sarkozy : « A la question "faites-vous confiance ou non à Nicolas Sarkozy pour mener une politique qui réponde à vos attentes ?" L'ensemble des Français dit avoir confiance à 21% (- 1), et pas confiance à 75% (+ 3). (…)Malgré la "libération des journalistes otages en Afghanistan, la nomination de Christine Lagarde à la tête du FMI (alors qu'après l'affaire DSK la France ne partait pas forcément favorite), le remaniement gouvernemental, rien de tout ça n'est porté au crédit de l'Elysée" explique l'hebdomadaire dominical. Le président candidat "baisse dans des catégories qui lui sont habituellement acquises", souligne Jean-Daniel Lévy, directeur d'Harris Interactive. "C'est le cas chez les retraités (-6 points) et, plus généralement, à droite (13 points perdus). (Source : Le Nouvel Observateur – AFP) 

Tenant compte de ces chiffres catastrophiques pour un Président sortant déjà entré en campagne pour sa réélection, comment s’étonner des quelques faits advenus durant la semaine écoulée ? On assiste à une attaque en règle contre les bases même de la démocratie. C’est une politique dans la continuité, certes, mais intensifiée et sérieusement aggravée.

Internet dans l’œil du Cyclope élyséen

http://www.blogspleen.fr

big-brother.jpgOn sait, par diverses sources, que Nicolas Sarkozy déteste être contrarié, qu’il ne supporte pas que l'on puisse ne pas se rallier, toujours, à ses opinions. Celle ou celui qui ose la différence aura à supporter l’ire de celui qui est encore Président. Alors, bien entendu, comment celui qui se prend pour un monarque pourrait-il supporter la liberté qui sévit sur Internet ? Ce lieu est porteur de contradictions, d’humour violent, et les adversaires de Sarkozy ne prennent aucun gant pour contrer la Volonté présidentielle. C’est forcément insupportable pour celui qui se croit si facilement parfait ! La conclusion s’impose, il faut, le plus vite possible, par décret, avoir droit de vie ou de mort sur les sites les plus engagés contre la politique de Nicolas Sarkozy ! Quid de la liberté ? Attention, si vous parlez de liberté avec l’Élysée, vous êtes proches de l’insulte… Le projet de décret : « Un projet de décret gouvernemental autorisant les autorités à filtrer voire bloquer des sites internet sans passer par la justice suscite une levée de boucliers dans la communauté numérique française qui craint une dérive vers l'arbitraire et la censure. Le texte controversé, qui émane du ministère de l'Economie numérique, doit permettre l'application de l'article 18 de la loi sur la Confiance dans l'économie numérique (LCEN), votée en 2004. Il prévoit que les autorités administratives puissent de leur propre chef mettre en demeure l'éditeur d'un site, l'hébergeur ou le cas échéant les fournisseurs d'accès internet, de faire cesser toute "activité" comportant à leurs yeux un "risque sérieux et grave d’atteinte à l’ordre public". (…) Pour le porte-parole de l'association La Quadrature du Net, Jérémie Zimmermann, le texte "vise à donner au gouvernement un pouvoir de censure sur tous les sites et contenus du Net qui serait totalement disproportionné.

Il doit "à tout prix être rejeté", a-t-il estimé, dénonçant "une dérive extrêmement inquiétante, dans la droite ligne des politiques sécuritaires du gouvernement en matière d'Internet". » (Source AFP)

Vous aurez remarqué, au passage, qu’il n’est même pas question des sites pédophiles, mais de sites pouvant présenter un risque sérieux et grave d’atteinte à l’ordre public ! Bien entendu, et pour ne courir aucun risque, la définition de ce qu’est un risque sérieux et grave d’atteinte à l’ordre public est laissé à la seule appréciation du pouvoir, sans regard possible de la Justice qui pourrait avoir des velléités d’indépendance trop contrariantes…

Fichage général en vue !

http://www.rmc.fr/editorial/159025

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Là, nous entrons dans un sommet des attaques contre les principes de base de la démocratie. Que ce soit Sarkozy et sa bande qui ont cette volonté, comment s’en étonner ? Pour parvenir à cette fin, que je considère comme criminelle, il aura fallu une session extraordinaire, ce 7 juillet, avec la présence tout aussi extraordinaire de 11 députés seulement ! Six députés de la triste majorité ont voté « oui », quatre de l’opposition ont voté « non » et un s’est abstenu. Où étaient tous les autres ?!

Six députés auront donc suffit pour tenter de nous soumettre à un fichage général qui est en contradiction flagrante et totale avec les Droits de l’Homme honni par Sarkozy et son clan. La bataille pour la Liberté n’est pas perdue si l’opposition demande la censure du Conseil Constitutionnel. Et si celui-ci, dans un moment d’aberration ne censurait pas cette loi si manifestement liberticide, je suppose qu’il resterait un recours possible auprès des instances européennes. En effet « Le Conseil d'État, la CNIL et la Cour européenne des droits de l'homme se sont d'ores et déjà prononcés contre ce type de fichage biométrique généralisé de personnes innocentes de tout crime ou délit, pour la simple et bonne raison qu'il s'agit là d'une violation manifeste de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de la convention sur la protection des données du Conseil de l’Europe, et de la loi informatique et libertés. »

Il n’en reste pas moins, qu’à moins d’un an des présidentielles, le clan de l’actuel Président aura tenté de nous mettre des chaînes, que nous soyons innocents ou coupables, de manière à nous contraindre d’accepter ce qui ne peut plus être considéré que comme une tentative de dictature. Il est bon et éclairant de savoir que si cette loi devait devenir définitive, la carte d’identité en question comprendrait un puce électronique dite « régalienne », pour nous livrer plus facilement aux services de sécurité, tout le peuple français étant désormais suspect d’être subversif, et une deuxième puce, supposée facultative, pour les services et le commerce électronique, ce qui confine à la débilité absolue. Il y aura, bien sûr, également nos empreintes digitales et notre photographie.

Il est intéressant de savoir, également, que le gouvernement britannique, lui, a décidé d’abandonner son projet de carte d’identité similaire parce qu’attentatoire aux libertés. Il n’est donc que les Français à devoir subir un tel recul de la démocratie !

À signaler enfin, dans l’agitation médiatique sarkozienne sur la sécurité, que le nombre de fichiers policiers a augmenté de 169% depuis l’arrivée de Sarkozy au ministère de l’Intérieur, en 2002. Cela devrait faire réfléchir tout citoyen capable de réflexion, tout citoyen qui ne se cache pas la tête dans « Secret Story », mais surtout tout citoyen soucieux de conserver et protéger ce qui reste de liberté dans ce pays !

Tout ça pour ça ?!

La Cour des Comptes vient d’épingler très durement la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy. Dans son rapport, on apprend ceci (résumé en titre du Nouvel Observateur) : « Hausse des violences aux personnes, statistiques biaisées, baisse des effectifs et des moyens, choix d'un équipement coûteux. » On peut lire, dans la suite de l’article : « Sur la période 2002-2010, écrivent les rapporteurs, l'Etat lui "a consacré des moyens croissants budgétaires, technologiques et humains". Mais, ajoutent-ils, les résultats sont "contrastés" au regard des statistiques qui ont montré un "recul des atteintes aux biens" mais une "hausse" des violences aux personnes. Cette "exigence d'une plus grande efficacité de la lutte contre la délinquance", ajoute la Cour en référence implicite à la politique sécuritaire impulsée par Nicolas Sarkozy dès 2002, "doit être satisfaite" depuis 2009 "avec des moyens en diminution" et une "hausse des dépenses de rémunérations". »

Le rapport fustige l'état statistique des deux forces, notant au passage qu'"en 2009 la reprise à la hausse de la délinquance a été évitée en grande partie par le refus des services d'enregistrer des plaintes" de victimes d'escroqueries.

La baisse de la délinquance a résulté, selon les magistrats, du fort recul des vols d'autos et de dégradations de biens privés. » 

© Chimulus

h-4-2266672-1287157719.jpgÉvidemment, on s’en doute, ce rapport d’une Institution officielle de la Nation française n’a pas plu, mais alors vraiment pas, à Claude Guéant, ci-devant ministre de l’Intérieur ! Pas plus, d’ailleurs qu’à Jean-François Copé et soixante-dix députés UMP qui ont signé un texte qu’ensuite ils ont envoyé à Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, pour «condamner» une politisation de cette institution. Venant d’un mouvement politique archi-politisé, devenant de plus en plus extrémiste, je trouve que c’est d’un comique avéré ! Qui, donc, en France, ignore encore que les statistiques avancées par le ministère de l’Intérieur, voire par le ministre lui-même, sont traficotés ? Rappelez-vous simplement des statistiques avancées par le ministre à propos des élèves, enfants d’immigrés, qui connaîtraient plus d’échecs que ceux des Français dit de souche. Il a été très vite prouvé que ces chiffres étaient totalement faux. Partant de là, quel crédit accorder aux dires de ce ministre ? Pour ma part, je n’en accorde aucun !

Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes, particulièrement visé par la droite UMP en raison de son appartenance au PS a répondu très justement et sobrement, tant au ministre de l’Intérieur qu’aux signataires UMP du texte l’attaquant, que : « le rapport est exact et objectif. » Ajoutant : « On peut déplaire, ce n’est pas notre problème. » Il a rappelé que ce rapport était « le fruit d’un travail en équipe réalisé par une centaine de conseillers qui sont les garants de son impartialité. » Et enfin, jolie pierre dans le jardin de l’UMP, il a ajouté : « que les travaux de la Cour sont généralement appréciés pour leur objectivité ».

Un pouvoir aux abois

Tous ces faits font penser que le pouvoir est aux abois. Il ne sait plus comment rester crédible auprès de la majorité des Français. Il est évident que l’insécurité progresse, il suffit de vivre dans une ville comme Paris pour s’en rendre compte, et ce n’est pas que le fait des immigrés !

Il faut être un peu sérieux : Comment assurer la sécurité des citoyens lorsque, le ministre de l’Intérieur affirme, encore ces derniers temps, qu’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas remplacé au sein de la police et de la gendarmerie, comme il l’a affirmé sur BFM ? Comment ne pas s’inquiéter, et pas seulement pour la sécurité, lorsque Valérie Pécresse nous dit, fièrement, comme l’un des titres de gloire de la droite UMP, que depuis 2008 ce sont 100 000 postes de fonctionnaires qui ont été supprimés dans notre pays ?

Ce qui est à craindre, à propos de la sécurité, c’est que ce pouvoir ultraconservateur du type GW Bush, ne livre notre sécurité au secteur privé qui enregistre déjà une forte progression de sa pénétration dans ce secteur… Pas de quoi se réjouir, mais toutes les raisons de s’inquiéter de l’installation de ces milices privées…

Jean Dornac
Paris, le 10 juillet 2011

Publié dans Sarkozy & Cie

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